Supervielle

 

Jules Supervielle naît en 1884 à Montevideo, en Uruguay, d'un père béarnais et d'une mère basque. C'est à Oloron-Sainte-Marie que se produit un tragique accident : ses parents meurent brutalement, empoisonnés par l'eau d'un robinet (ou victimes du choléra).

L'enfant est d'abord élevé par sa grand-mère, puis confié quelques années après à son oncle Bernard qui le ramène en Uruguay où il l'élève avec sa femme comme s'il était son propre fils.

 En 1894 son oncle et sa tante s'installent à Paris où Jules Supervielle fera toutes ses études secondaires.

Quatre ans après, inspiré par quelques poètes ( Hugo, Musset, Lamartine,…) il commence à écrire des poèmes en cachette.

Après avoir fini ses études et avoir fait son service militaire, Jules Supervielle épouse en 1907 Pilar Saavedra à Montevideo. Ils auront six enfants.

En 1922, c'est la parution d'un premier recueil important de poèmes : Débarcadères. Un an plus tard, il publie son premier roman : L'Homme de la pampa.

Son premier recueil important de nouvelles a été écrit en 1931 L'Enfant de la haute mer, ainsi que sa première pièce importante "La Belle au bois"

Un an après il s'exile à cause de la guerre, la banque de Supervielle fait faillite : le poète est ruiné. Mais son activité littéraire est toujours aussi intense et ses pièces de théâtre seront par la suite montées par de grands metteurs en scène. Il recevra plusieurs prix littéraires tout au long de ses années de maturité.

Jules Supervielle rentre en France, ayant été nommé attaché culturel honoraire auprès de la légation d'Uruguay à Paris. Puis il publie ses premiers contes mythologiques sous le titre Orphée.

En 1951 après avoir publié un récit autobiographique, il souffre d'arythmie et de séquelles d'une affection pulmonaire.

Son dernier recueil poétique, le Corps tragique, est publié en 1959, c'est "son dernier" puisque en 1960, Supervielle après avoir été élu "Prince des poètes" par ses pairs, est trouvé mort le 17 mai dans son appartement parisien; il est inhumé à Oloron-Sainte-Marie.

En 1996 ses œuvres poétiques complètes paraissent dans la collection La Bibliothèque de La Pléiade, aux éditions Gallimard.

 

Un de ses poèmes :

"Boulevard Lannes que fais-tu si haut dans l'espace

Et tes tombereaux que tirent des percherons l'un

derrière l'autre,

Les naseaux dans l'éternité

Et la queue balayant l'aurore ?

Le charretier suit, le fouet levé,

Une bouteille dans sa poche.

Chaque chose a l'air terrestre et vit dans son naturel.

Boulevard Lannes que fais-tu au milieu du ciel

Avec tes immeubles de pierre que viennent flairer

Les années,

Si à l'écart du soleil de Paris et de sa lune

Que le réverbère ne sait plus s'il faut qu'il s'éteigne

Ou s'allume

Et que la laitière se demande si ce sont bien des

Maisons,

Avançant de vrais balcons,

Et si tintent à ses doigts des flacons de lait ou des mondes ?"

Jules Supervielle

Gravitations " 47 boulevard Lannes", 1925